Les échanges peuvent avoir des effets différents sur les hommes et sur les femmes, aussi est-il indispensable de mieux comprendre quelles sont les répercussions des politiques commerciales sur les femmes en leur qualité d’entrepreneuses, de travailleuses et de consommatrices. Les échanges font baisser les prix, ce qui bénéficie aux ménages à faible revenu, dont les femmes constituent une part disproportionnée, alors que la facilitation des échanges est particulièrement favorable pour les entreprises détenues par des femmes, qui tendent à être plus petites et moins bien financées que celles appartenant à des hommes. Pour évaluer l’effet de l’ouverture des marchés dans le cadre d’accords commerciaux, il est nécessaire de savoir dans quels secteurs les femmes travaillent et ont des entreprises. L’OCDE a établi un nouveau cadre d’analyse pour aider les pays à comprendre quels sont les effets de leurs politiques commerciales selon le genre et pour contribuer à guider les efforts pour promouvoir la participation des femmes aux échanges et à l’élaboration des politiques commerciales.
Commerce inclusif
Les échanges internationaux sont l’un des principaux moteurs de la croissance économique : les entreprises exportatrices dégagent de plus grands bénéfices, versent des salaires plus élevés, et connaissent un développement plus rapide que les autres. Ces avantages ne sont toutefois pas également répartis. Faire en sorte que les entreprises dirigées par des femmes, les populations autochtones et les autres groupes traditionnellement défavorisés puissent tirer parti des perspectives ouvertes par les échanges internationaux contribuera à une plus grande égalité sociétale et à une croissance économique plus forte.
Messages clés
Les accords commerciaux comportent de plus en plus des chapitres entiers ou des dispositions détaillées sur le genre qui réaffirment l’adhésion aux normes internationales en matière d’égalité des genres et engagent les partenaires commerciaux à mettre conjointement en œuvre des actions visant à réduire les inégalités entre les genres. L’Arrangement mondial sur le commerce et le genre (AMCG), un accord de coopération, propose de nombreux moyens de rendre les politiques commerciales plus inclusives pour les femmes. Par ailleurs, l’accroissement de l’inclusivité des échanges constitue de plus en plus une préoccupation majeure au sein d’enceintes telles que le G20 ou l’APEC.
Dans la mesure où les PME tendent à limiter leur participation aux échanges internationaux en raison des coûts fixes inhérents à l’entrée sur les marchés mondiaux, ce sont elles qui tirent le plus parti des réformes de facilitation des échanges. De nombreux pays de l’OCDE ont réalisé d’importants progrès dans la simplification des procédures et dans la réduction des retards aux frontières. Ces avancées bénéficient tout spécialement aux entreprises dirigées par des femmes, qui sont généralement de taille plus réduite. Par ailleurs, l’automatisation des procédures aux frontières limite non seulement les risques d’inégalité de traitement envers les femmes exportatrices lorsque leur présence est requise aux postes-frontière, mais permet aussi une accélération des procédures douanières, un point particulièrement important pour les femmes dont le temps est plus limité du fait des responsabilités familiales non rémunérées qu’elles doivent assumer.
Le monde ne compte pas moins de 500 millions d’autochtones répartis dans plus de 90 pays, dont 39.5 millions dans 14 pays de l’OCDE. Les populations autochtones apportent une importante contribution à la culture, au patrimoine, et au développement économique de ces pays, grâce notamment à leur longue tradition d’échanges. S’ils s’appuient sur des structures, des systèmes et des politiques adéquats, les échanges peuvent être bénéfiques pour les populations autochtones et les pays où ils vivent. En effet, les travaux de l’OCDE sur les échanges et les populations autochtones sont guidés par l’objectif d’assurer l’inclusivité des échanges à l’égard des entreprises et des populations autochtones.
Les échanges ne sont pas la source de nombreux problèmes, pas plus qu’ils ne peuvent tous les résoudre à eux seuls. Une approche intégrée est nécessaire pour que le système commercial fonctionne mieux au service d’un plus grand nombre. S’ensuivent trois impératifs. Premièrement, celui de créer un environnement où les avantages des échanges puissent se concrétiser grâce à des politiques nationales favorisant les opportunités, l’innovation et la concurrence – par exemple en réduisant les coûts commerciaux inutiles et en investissant dans les ressources humaines et dans les infrastructures matérielles et numériques. Deuxièmement, celui d’en faire davantage pour ne laisser personne sur le bord du chemin, notamment dans les régions en retard de développement, où les effets des chocs commerciaux peuvent se trouver concentrés. Troisièmement, celui d’assurer un meilleur fonctionnement du système commercial en tirant parti de toute la gamme des outils de coopération économique pour établir des règles du jeu équitables à l’échelle internationale, en comblant les lacunes dont souffrent celles en vigueur, et en intensifiant les efforts pour en garantir le respect par tous les acteurs, depuis les entreprises jusqu’aux États.
Contexte
Comment la politique commerciale peut-elle favoriser l’égalité des genres ?
La réduction des écarts entre les genres est conforme à la rationalité économique. Pour promouvoir l’objectif d’autonomisation économique des femmes, il est nécessaire d’agir dans un large éventail de domaines, afin d’accroître notamment leur participation aux échanges internationaux. Les politiques commerciales ne sont certes pas discriminatoires de jure, mais elles n’ont pas les mêmes effets sur les hommes et sur les femmes du fait de l’inégalité de leur situation de départ.
Les femmes cheffes d’entreprise se heurtent à des difficultés spécifiques pour développer leur entreprise à l’international
Les femmes cheffes d’entreprise ont identifié plusieurs difficultés majeures auxquelles elles doivent faire face pour exporter :
- Trouver des partenaires commerciaux à l’étranger.
- Comprendre les marchés étrangers et tenir compte des réglementations étrangères.
- Avoir accès à des moyens de financement, des exportations notamment, pour assurer le développement de leurs entreprises.
Par ailleurs, les femmes dirigent plus souvent des entreprises de services, alors que les services font généralement moins l’objet d’échanges que les marchandises. Leurs entreprises sont dans l’ensemble de taille plus modeste, et les petites entreprises ont moins tendance à participer aux échanges internationaux.
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Document politique15 décembre 2023